Volume et intensité. Quézaquoqueça ?

Quelle est la question que deux cyclistes (surtout routiers) se posent quand ils se rencontrent ?

"T'as combien d'kilomètres toi ?"

"Bah, à peu prés 5000, et toi ?"

Selon les réponses, on voit le respect ou l'indifférence dans l'œil de son voisin. C'est à croire que ce sont là les seuls éléments de comparaisons et d'évaluation que le milieu utilise. Et si par hasard vous répondez "J'ai fait pas mal de seuil en sur-vélocité, de musculation et de PMA en interval-training", les gens s'écartent ou crient "au fou". Il faut dire que nous naviguons dans un milieu pour le moins traditionaliste et conservateur aux méthodes souvent empiriques.

 

 

Trop de cyclistes ne progressent pas d'année en année car ils s'entraînent toujours de la même manière. Sur les même terrains, sur les même parcours, dans les même zones d'intensité, sur la même durée, l'entraînement devient rapidement répétitif, lassant, usant moralement et physiquement. Les progrès seront rapides en début de saison puis très vite, l'état de forme stagnera pour régresser, et le reste de la saison sera un cauchemar même avec beaucoup de kilomètres au compteur. De ce fait le coureur oscille toujours entre des zones de méformes (longues) et des pics de formes fugaces et précoces dans la saison, et pas toujours programmer. Dans tous les cas, il n'y a pas progrès d'une année sur l'autre car le niveau maximum est équivalent à celui des années passées. Pour progresser, et l'on peut progresser à tout âge, il importe de solliciter son corps de manière toujours différente pour le forcer à réagir et à dépasser son potentiel de départ, c'est la surcompensation (j'y reviendrai dans un article futur), et ce, dans les différents paramètres de la préparation.

Traditionnellement, les cyclistes ont entassé les kilomètres, et ont évalué leurs saisons en ne regardant que les milliers de km parcourus, et éventuellement auront aussi noté les heures de selles pour les plus progressistes. Et ainsi d'années en années… C'est limiter l'entraînement à son côté quantitatif et occulter le versant qualitatif. L'aspect quantitatif, ou volume, peut se chiffrer en kilomètres parcourus, en heures de pratique, en tonnes soulevées (musculation), en nombre d'abdos…, tandis que le côté qualitatif se traduira en km/h, en % de pulsation maximum, en watt, en watt par unité de temps, en temps passer dans telle zone de fréquence cardiaque, en pourcentage d'un maximum (musculation), en mètre par rapport à un temps (natation)…. Autant, en vélo, pour quantifier le volume un compteur suffira, autant pour qualifier ses exercices le cardio-fréquencemètre (ou le calculateur de puissance (SRM, Polar)) sera indispensable. Beaucoup de marque (Polar, Sigma, Sport Instrument, …) propose maintenant des "cardio" fiables, faciles à utiliser et capable d'enregistrer nombres de données comme la fréquence cardiaque moyenne, la fréquence cardiaque maximum, le temps passer dans une zone prédéterminée ou les calories dépensées. Autant de paramètres permettants de qualifier son entraînement et identifiants un suivi pointu et des comparaisons.

Selon la période dans la saison, l'on va privilégier l'un au détriment de l'autre. On ne peut pas durablement sous peine d'épuisement et de surentraînement mener de front une préparation riche en volume et en intensité. Alors les redoutables sorties de 150 km à "donf", 4 fois par semaine, à oublier. Toute la complexité de la préparation viendra justement de ce rapport entre volume et intensité. Dans tous les cas, plus on approchera d'un objectif, plus l'intensité prendra le pas sur le volume. Maintenant, il faut entendre volume au sens large. Cela peut être un grand nombre d'heures sur une sortie, mais cela peut entendre aussi un grand nombre de sorties sur une semaine (micro-cycle ?) ou même un grand nombre de sorties dans la même journée (entraînement bi-journalier). Exemple : Laurent a roulé 3 sorties de 5h sur la semaine, tandis que Jean a effectué 6 séances de 2h30 (alors qu'il ne roule que 3 fois dans la semaine), et Robert 3 journées avec 3h le matin et 2h l'A.M. Tous les trois ont travailler avec un volume important mais de manières différentes et avec des impacts différents. A méditer. L'avantage de compter en heure apparaît lorsque l'on cumule plusieurs pratiques (route, VTT, footing, BMX, …), alors que les kilomètres ne sont pas comparables entre la route et le VTT, ou entre le VTT et le BMX (pourtant un après-midi de BMX, cela "sèche" tout autant que 80 bornes sur route).

Maintenant le versant qualitatif de l'entraînement requière de bonnes connaissances en physiologie et des filières énergétiques pour programmer des exercices bénéfiques. De plus quand on se penche sur cet aspect on ne peut occulter tous les problèmes liés à la récupération. Enfin sachez que pour se préoccuper de la qualité de votre entraînement, une des bases de réflexion sera la fréquence cardiaque. Et là plusieurs écoles nous sont proposées. Soit à partir de la connaissance de votre fréquence maximum (Fc Max) on peut décliner toute une série de seuils ou de zones (ex : End Critique Basse = 70% à 80 % Fc Max), soit à partir de la fréquence cardiaque maximum et de repos on s'intéresse à la réserve (la cylindrée de votre moteur) et c'est des pourcentages de cette réserve ajoutés à la fréquence cardiaque minimum (fréquence cardiaque le matin au levé) qui nous renseigne sur les zones (Fc rés = Fc Maxi - Fc Mini / Zone du Seuil Aérobie = 70 % Rés + Fc Mini), soit à partir d'un test d'effort et la détermination d'un seuil on peut extrapoler une fréquence cardiaque maximum et des zones. Enfin sachez qu'avec l'entraînement ces fréquences cardiaques varient. Les fréquences cardiaques maximum et minimum ont tendance à diminuer.

Dans tous les cas, n'oublier pas de noter tout ce que vous faites dans un carnet ou un agenda en y inscrivant vos sensations. Cela vous servira de base lorsque vous essaierez d'analyser votre saison et ses pics de forme, cela vous donnera de bons renseignements sur les séances que vous avez réalisées et sur celles que vous devrez programmer, cela vous permettra de comparer une semaine à une autre, vous pourrez aussi y suivre vos progrès ou analyser une période, et faire des résumer au mois ou à la semaine. Ce carnet vous permettra aussi de programmer vos différents cycles. Prévoir à l'avance le contenu de ses sorties c'est encore le meilleur moyen de se motiver à monter sur le vélo, et c'est aussi l'assurance de ne pas toujours travailler de la même manière.

 

 

L'entraînement peut s'analyser sur son versant quantitatif et sur son aspect qualitatif. Chacun servant à donner du contenu à vos séances. Enfin songez que plus votre vitesse de déplacement sera rapide, moins la durée de l'exercice devra être longue. Donc votre séance devra cibler l'un ou l'autre de ces aspects. Tout faire dans une sortie c'est l'assurance de rien travailler correctement. Travailler toujours de la même manière dans la semaine, c'est à terme perdre sa motivation et courir droit vers le surentraînement ou vers des résultats en baisse. Il va donc falloir réfléchir et prévoir (programmer). Le plus simple sera de raisonner en cycle et en micro-cycle (pas en petit vélo). Cela tombe bien ce sera le thème de mon futur article.